L’une de mes séries préférées du début des grandes années de la chaîne HBO s’appelait Carnivale. Créée par Daniel Knauf, lui-même récemment arrivé chez HBO, Carnivale était une fiction historique et supernaturelle centrée autour d’un carnaval itinérant dans les Etats-Unis des années 30. Le scénario explorait le thème classique du bien contre le mal, mais retournait le concept pour offrir aux spectateurs matière à réflexion.

Seize ans plus tard, cette série me hante toujours de la meilleure des façons. Les images des danseuses orientales, diseuses de bonne aventure, et autres femmes à barbes ont laissées un souvenir vif dans mon esprit, dépeignant un univers unique et évocateur où les apparences sont trompeuses et les “erreurs” de la nature peuvent enfin briller.
Un cast hétéroclite de saltimbanques, “bêtes curieuses” et autres marginaux, voyageant de ville en ville, érigeant des temples éphémères avec leurs scènes et leurs tentes, apportant avec eux l’émerveillement, l’étonnement et l’excitation à des spectateurs curieux et avides de sensations fortes… Ces images ont toujours attisé ma curiosité.
Cette réflexion sur ce qui fait un “freak”, une “bête curieuse” ou un “marginal” ne m’a jamais quittée. Ce que les autres trouvent bizarre ou dérangeant, je l'ai toujours trouvé unique et excitant. Je suppose que c’est pour cela que le film de Tod Browning, Freaks, m’a fait un tel effet la première fois que je l’ai vu. Le fameux “l’une des nôtres, l’une des nôtres”, c’est un peu comme ça que je me suis toujours sentie. Bon, je n’ai ni barbe ni troisième jambe, mais il y a toujours eu un côté “freak” en moi qui ne demandait qu’à jaillir à l’air libre !
Cela fait presque dix ans que Carnivale est sortie, et depuis j’ai laissé sortir mon “freak” intérieur en devenant danseuse burlesque. Bien que ses origines soient variées, le burlesque a toujours eu des liens étroits avec le cirque, les carnavals et les foires.
Ce monde souvent drôle et toujours haut en couleur, rempli de paillettes, faux diamants et vraies plumes, est un plaisir pour les yeux et nous intrigue avec sa symbolisation de désirs souvent enfouis en nous. Il faut être un peu fou pour monter sur la scène et se dénuder devant tout le monde ; comment ces femmes (et ces hommes) osent-elles donc se comporter ainsi ?!

La réponse est très simple : une fois que vous décidez que votre freak intérieur a sa place dans le monde extérieur, tout devient possible. Il y a une vraie liberté dans le fait d’accepter à bras ouvert ce que les autres trouvent “bizarre” - cette liberté vous permet de vous révéler au monde et de jouer avec abandon. Bien sûr, je suis consciente que c’est plus facile à dire qu’à faire ; plein de personnes sont en proie à des défis physiques et mentaux difficiles à dépasser. Mais même en tant que spectateur, pour tous ceux et celles qui sont prêts à explorer les parties les plus cachées de la nature humaine, il y a tant de beauté (et de joie) à y trouver !
Nous savions donc exactement ce que nous voulions créer avec notre Amazing Traveling Imaginarium. En gardant Carnivale et Freaks en tête, nous avons décidé qu’il était temps de redonner vie à ces deux mondes à notre manière, pour pleinement assumer les freaks fantastiques que nous sommes et aider le plus grand monde à faire ressortir ou amplifier leur propre freak intérieur pour que nous puissions tous et toutes briller !